Série photographique stéréoscopique (partie 1/2 Les femmes)
La série des Cauchemars se visualise normalement à l’aide de petits boîtiers stéréoscopiques, plaçant le spectateur en voyeur. Le poussant à une intimité particulière avec les images, dans une volonté de le pousser à s’interroger, demeurant mi-fasciné, mi-horrifié par ces montages photographiques miniatures représentant des scénettes que l’on pourrait qualifier d’érotiques.
Je souhaitais recueillir les impressions et interprétations de ce visionnage.
De façon quasi systématique s’est fait un fossé entre deux versions divergentes :
Beaucoup d’hommes ont vu ici de simples scènettes érotiques entre créatures et jeunes filles, de l’ordre du fantasme, éventuellement d’un délire un peu tordu, certains ont aussi eu de vives réactions.
Les femmes se sont en général senties très mal à l’aise, et ont repéré par plein d’indices disséminés dans les images, l’acte forcé entre le monstre et sa victime, le cauchemar. Elles ont facilement identifié la teneur de mon propos ce qui a suscité de vives émotions allant de la colère au malaise.
Visuellement, mon but était de mettre mal à l’aise, avec des images plaisantes par un certain esthétisme et leur douceur dans le traitement, mais repoussantes, violentes et crues par leur contenu. Le traitement des images ton sur ton, chairs mêlées, accentue le côté insidieux.
Concrètement, cette enquête voulait pointer du doigt les réactions entourant une victime de viol, les faits ne suffisants pas en eux-même, parfois même les constats médicaux; ces images elles non plus ne suffisent pas. Peu de personnes sont réceptives et capables d’appréhender cette réalité, ajoutant au traumatisme vécu parce qu’elles apposent un prisme sur les faits, se posent des œillères, rendent la victime responsable, et valident malheureusement de ce fait l’acte de l’agresseur.
Pourtant, il suffit simplement de se rapprocher pour comprendre la scène.
La deuxième partie de ce projet, les hommes (en cours), me confronte à d’autres divergences sidérantes. Le viol masculin ? Quel viol ? Il est généralement inconcevable que le viol masculin puisse exister, pour bien des hommes et pour beaucoup de femmes.